Méandre – Yakety Yak, kayak en cèdre fait à la main, ornement en bronze, 2014.

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Méandre – une dérive continentale, vidéo de l’exposition au centre VU, Québec (durée : 3:15 min.), réalisation vidéo: Josiane Roberge, narration : Victoria Stanton, 2016.

Meander : points of confluence

Points de confluence – Eastman – Autoroute 10 / jour : 01, vidéo (1:42 min.), 2014.

Méandre Yakety Yak (détail), kayak en cèdre fait à la main, ornement en bronze, 2014.

Méandre – Yakety Yak II, impression numérique, 2015.

Le chavirement des marées, kayak en cèdre, ornement en bronze, moteurs programmés et cordage, 2016.

One son one ocean, pagaie en cèdre, hauts parleurs, support en bois, aluminium et laiton, 2015.
Collaboration et narration: Victoria Stanton.

Points of confluence – McDonald Creek – Hudson River / day : 18

Points de confluence – McDonald Creek – Fleuve Hudson / jour : 18, vidéo (1:19 min.), 2015.

Méandre – Lac Champlain, impression numérique, 2016.

Jane Gulls Nest  Lac Champlain , photographie numérique, 2016.

Méandre, ornement en bronze oxydé par le Fleuve Hudson et support en bois, 2016.

Eaux troubles, réchaud de camping à gaz, chaudron, encre de seiche, pétrole, eau et dispositif rotatif, 2016.

Points de confluence – sous le pont de Manhattan / jour : 30

Points de confluence – sous le pont de Manhattan / jour : 30, vidéo (0:45 min.), 2015.

Chatoiements, coquille d’huitre, sable, dispositif d’éclairage animé et support en bois, aluminium et laiton, 2016.

Nuit noire, hamac et dispositif rotatif, 2015.

Meander, vues partielles de l’exposition au Pacific Sky Exhibition, Eugene, Oregon, É.U.A., 2015.
Photos : Jack Ryan.

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Points de confluence – Missisquoi Sud / jour : 06, vidéo (1:30 min.), 2016.

Méandre :
une dérive continentale

À l’été 2014, Patrick Beaulieu se lançait dans une lente dérive continentale en kayak, sillonnant les méandres qui le menèrent de la source d’une rivière du sud du Québec, jusqu’à l’océan atlantique à l’embouchure du fleuve Hudson à New-York. Il explora l’état de ces lieux qu’on ne peut découvrir qu’en s’abandonnant à la contemplation des forces qui nous dépassent. Naviguant 30 jours durant, emporté par les courants, il chercha à atteindre ces points de confluence où les paysages et les rencontres humaines génèrent de la poésie. Découle de cette trajectoire performative un corpus d’oeuvres (sculptures animées, vidéos, photographies, collection d’objets…) évoquant à la fois désolation et réenchantement. Ondoiements, chavirements et oscillations nous entrainent ici, au rythme des marées et des houles, vers un horizon en dilution où les rivières deviennent océan.

C’est Pierre Sansot qui écrivait que la lenteur ne signifie pas « l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide », mais plutôt la « volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui » afin d’« augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin[1]». Cette posture semble au cœur de la quatrième trajectoire performative de Patrick Beaulieu, qui, à bord d’un Kayak, se rend jusqu’à l’embouchure du fleuve Hudson, à New York. Après la Dodge (Vegas), le Ford Ranger (Ventury) et le camion postal (Vecteur monarque), la petite embarcation de cèdre impose son rythme. Elle expose également davantage le voyageur aux aléas de la nature.

Le point de départ : la source de la rivière Missisquoi, en Estrie. De là, il naviguera un mois, captant ce qu’il appelle les Points de confluence sous forme de vidéos. Ceux-ci représentent moins l’unification de deux cours d’eau que ces lieux où la construction humaine et la nature s’unissent pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, c’est l’effet esthétique qui en émerge, la poésie. Au rythme des vaguelettes, du courant et des sons de voitures, l’artiste fait voir la beauté insolite d’une imbrication entre l’autoroute 10 et la rivière. Cette dernière apparait paisible, comme en retrait du monde. Pourtant, elle n’y échappe pas, à ce monde : il la traverse, l’encadre, la reconfigure. Ainsi, on ne saurait omettre de voir aussi le pire, c’est-à-dire, l’étiolement progressif de l’environnement naturel.

Les vidéos témoignent du passage de l’artiste dans des lieux transitoires qui deviennent tout à coup propices à la contemplation, au regard singulier. Elles évoquent aussi l’ancrage des êtres humains sur les rives, par exemple, sur celles de McDonald Creek. Les maisons et les RV défilent sous nos yeux, dans une lumière et un silence qui ressemblent à ceux des petites heures du matin. Le monde est endormi, mais le cours d’eau continue son mouvement vers la mer, tel que nous l’évoque son bruissement incessant.

Le hamac, le brûleur et le bol de gruau sont mis en scène, transfigurant pour la galerie le lieu éphémère du campeur. L’embarcation s’y retrouve aussi. Porter par un mouvement de chavirement perpétuel, elle exprime le danger auquel tout navigateur, même celui qui s’adonne à la lenteur, s’expose irrémédiablement. C’est du moins l’impression que vient renforcer un chaudron rempli de son eau trouble.

Quiconque s’est déjà aventuré sur les eaux pour une longue durée sait que les pagaies ne sont jamais tout à fait silencieuses. Celles de Patrick Beaulieu sont animées d’une voix féminine, à la fois instructive et poétique. Elles peuvent aussi bien indiquer l’imminence de la venue des marées que transmettre des proverbes. Gauche, droite; raison, imagination : la cadence génère un univers hétéroclite dans l’esprit de celui qui manie les pagaies en solitaire, jour après jour.

Méandre comporte plusieurs strates qu’on ne peut découvrir qu’en acceptant une lenteur, celle qui est au cœur de la démarche même de l’artiste. Par cette lenteur, c’est « la vie elle-même comme ondoiement, comme déploiement [2]» qui fait surface.

[1] Pierre Sansot (2000), Du bon usage de la lenteur, Paris, Payot, p.12.
[2] Idem, p.14
– Paule Mackrous, Méandre, Invitation vol 11, no 3, Galerie Art Mûr, Montréal, 2016.

I’ll never really know how he felt.

Alone on the water.

Even when I try to imagine it, it seems abstract. Yes, I feel sensations. I’ve been on the water. But never on that water. Floating. Freestyle. Alone.

Maybe my imagination blocks me: because of my fear of being alone. Or is it my fear of deep water?

I didn’t know that I feared deep water until one day when my stepfather brought me out to the middle of the ocean, the dark blue all around and stretching out as far as the eye could see. I couldn’t feel my feet under me. I became queasy. I needed to be on dry land.

« Three years ago I was giving a workshop in the Rockies. A student came in bearing a quote from what she said was the pre-Socratic philosopher Meno. It read, “How will you go about finding that thing the nature of which is totally unknown to you?” … The student made big transparent photographs of swimmers underwater and hung them from the ceiling with the light shining through, so that to walk among them was to have the shadows of swimmers travel across your body in a space that itself came to seem aquatic and mysterious. »[1]

The word dissolution comes to mind. I didn’t think it up on my own, though it was Patrick who sprinkled this, like a light rain, in my direction. But it’s stayed with me. It’s not so much fear of deep water as it is of dissolution. What if my being dissolved – melted away, extending outward from the small skiff that my stepfather navigated – merely by looking at the rippling surface beneath?

« The question the student carried struck me as the basic tactical question in life. The things we want are transformative, and we don’t know or only think we know what is on the other side of that transformation. Love, wisdom, grace, inspiration – how do you go about finding these things that are in some ways about extending the boundaries of the self into unknown territory, about becoming someone else? »[2]

Patrick spoke of dissolution as a kind of freedom. A dilution of his body, an absorption into his surroundings. A surrender. A terrifying beauty. An endless unknown. For Patrick, it wasn’t so much about becoming someone else, another human – but about becoming another body; a body of water. As a drop of water going from the river into the ocean.

« All rivers flow into the sea, but does the sea turn back their waters? The currents of hardship pour into the sea of the Lotus Sutra and rush against its votary. The river is not rejected by the ocean; nor does the votary reject suffering. Were it not for the flowing rivers, there would be no sea. »[3]

As a drop of water, going from the river into the ocean. I try to imagine the challenges he faced; to picture the kinds of dreams that filled his nights when he wasn’t paddling across the currents. Watery dreams of sunlight and tributaries, drifting in and out of consciousness, a body of half-sleep.

The works that have materialized (installations, videos, photographs) following this performative journey, this continental drift, contain and evoke that which does not dissolve completely.

And so what you see here are the traces. The journey itself can only ever be lived by the person who lived it, by one person at a time. Deep waters filling our collective unconscious, we’re alone on our journey: Patrick’s journey, your journey, and mine.

[1] Rebecca Solnit, A Field Guide To Getting Lost, p. 4
[2] Solnit, p. 5
[3] Nichiren Daishonin, The Writings of Nichiren Daishonin, Vol. 1, p. 33
Dreams As Drops of Water de Victoria Stanton. Pacific Sky Exhibition, Eugene, Oregon, 2015.

[…] Floating on the water and renouncing volition, certainty and action, Beaulieus trip threatened to slowly erode the seemingly stable ideas we have of freedom, self, and space. Surrendering to the forces of nature, Beaulieus Meander embraced a particular kind of passivity and non-action that gives rise to new definitions and experiences of freedom. Indeed, the artists absurd voyage echoes Albert Camuss idea that freedom can only exist in the recognition of the absurdity of existence, in recognizing that the current will take you where it wants to. By accepting the possibility of tipping over and loosing balance, and by choosing to follow the water, Beaulieus Meander exercises a freedom that is in tune with the subtle currents of the world and powers greater than us. ()
– Isabelle Lynch,
extrait de Meander, paru dans Invitation vol 11, no 3, Galerie Art Mûr, Montréal, 2016. Texte intégral

L’exposition Méandre a été présentée en 2015 au Pacific Sky Exhibition (commissaire : Jack Ryan) en Oregon, É.U.A. En 2016, elle a été diffusée notamment à la Galerie Art Mûr de Montréal, à VU Photo Centre de diffusion et de production de la photographie de Québec dans le cadre du Mois Multi 2016, ainsi qu’au Centre d’art de Kamouraska dans le cadre de la Rencontre photographique du Kamouraska 2016.

narration et contribution à one son, one ocean :
VICTORIA STANTON
programmation et aide au développement :
PASCAL AUDET
consultants :
LUC LOIGNON
JEAN GAGNON
enregistrement sonore (one son, one ocean) :
KINNTA / CHRISTIAN RICHER
collaboration artistique :
ESTELA LÓPEZ SOLÍS
JACK RYAN
documentation photographique :
SWANN BERTHOLIN (Montréal)
JACK RYAN (Eugene)
documentation vidéographique :
JOSIANE ROBERGE (Québec)
design du logo de Méandre :
FEED
ornement en bronze de Méandre :
MULTIPLE
fabrication de l’ornement en bronze :
ROBOCUT
assistance technique :
JOHN FREDY RIVAS GOMEZ
DANIEL VEILLETTE
SWANN BERTHOLIN
collaboration :
PACIFIC SKY EXHIBITION (OREGON, É.U.A.)
COAST TIME (OREGON, É.U.A.)
GALERIE ART MÛR (MONTRÉAL, CANADA)
VU PHOTO (QUÉBEC, CANADA)
MOIS MULTI 2016 (QUÉBEC, CANADA)
CENTRE SAGAMIE ART ACTUEL (ALMA, CANADA)
LES TROIS GRÂCES CAFÉ BISTRO (EASTMAN, CANADA)

Méandre est un projet à empreinte poétique plutôt que carbonique grâce notamment à : carboneboreal.uqac.ca