ESSE – Paysage Landscape #88 La jungle de l’esperados, Alexis Pernet

EXTRAIT

« […] VVV et les installations de Patrick Beaulieu semblent dire en creux le caractère irréductible de l’expérience et confèrent au visiteur-lecteur un bien étrange statut : celui d’un hobbo potentiel, appelé dès les premières pages ou les premiers pas dans l’espace de la galerie à déserter et à tracer sa propre ligne, à fuir.

Cependant, ces lignes de fuites ou trajectoires performatives[1] ne sont pas le seul hors-champ du livre ou de l’exposition. Il faut considérer autre chose, avec attention, car même le hobbo par moment se stabilise, s’installe dans une jungle, participe à une convention[2]. Ce qu’indiquent les élégantes présentations d’images, de cartes géopoétiques et d’artefacts, c’est aussi l’exceptionnalité du voyage, sa situation hors d’une temporalité quotidienne, sa capacité à troubler celle des autres – les habitants rencontrés au cours du périple. »

[1] Telles qu’il intitule ses excursions artistiques.

[2] Je reprends ici les termes mêmes proposés dans le livre You Can’t Win (1926) du hobbo Jack Black, traduit en français sous le titre de Yegg (Les Fondeurs de Briques, Arles, 2007). Le terme de jungle fait une réapparition dramatique dans l’actualité européenne et proche-orientale en désignant le campement auto-construit qui rassemble plusieurs milliers de migrants de multiples origines géographiques et ethniques, convergeant vers la région de Calais (France) au terme d’un long périple qui vise initialement l’Angleterre.

Alexis Pernet, La jungle de l’esperados, ESSE – Paysage Landscape #88, automne 2016.